Il est là devant moi à me sourire. Mon cœur s’emballe, le rouge me monte aux joues. Il me tend la main, je la prends. Rien ne pouvait me rendre plus heureuse que d’être dans ses bras. Ce paysage féérique, ce sentiment qui inonde mon esprit… Mais tout ceci n’est qu’un rêve, je le sais… Réveille-toi Astrid. Je voulais quitter ses bras pour revenir à la réalité. Non, je ne voulais pas mais je le devais. Tout ceci n’allait jamais se réaliser, je le sais, il ne m’aime pas. Enfin si, sûrement, mais pas comme moi je l’aime. Je veux l’embrasser, ses lèvres se rapprochent des miennes, nos bouches se frôlent et c’est à ce moment-là que j’ouvre les yeux. « Tu as bien fait Astrid » C’est ce que je me persuadais. Je ne pouvais rester à vivre dans mes rêves. J’aurais voulu pourtant, mais la réalité venait toujours me frapper en plein fouet.

Il était l’heure de me réveiller. Je jetais un coup d’œil à mon réveil. 6h25. Je lâche un soupire de lassitude. Il fallait que je me lève et pourtant, je ne voulais pas quitter mon lit douillet. Les cours attendraient… Et je me recouchais dans mon lit en fermant les yeux. 5 minutes, puis 10, 15… J’ouvrais à nouveau les yeux, mon regard vagabondant dans ma chambre. Je ne parvenais plus à me rendormir. Encore un soupire et je me glissais péniblement hors de ma couette. Je m’étirais alors tel un félin en lâchant un bâillement. L’heure de la douche. L’eau froide me réveilla complètement mais ce n’était pas génial pour se laver les cheveux. Je tournais un peu trop violemment le poignet et je me retrouvais brûlée. Je lâchais un juron avant de régler l’eau à la bonne température.

7h00. C’est avec un essuie dans les cheveux et un autre autour de mon corps que je me dirigeais vers la cuisine. Oui, il m’arrivait de me balader ainsi dans mon appartement en sachant que Maé ne me surprendrait pas. Je connais son horaire par cœur et je savais qu’il n’ouvrirait pas les yeux avant une bonne demi-heure. Et puis, il arriverait en pyjama, comme à son habitude. J’ouvris une des armoires pour ressortir un sachet de café. La machine se mit en route. A attendant, je me redirigeais vers ma salle de bain pour enlever l’essuie de mes cheveux. Ils étaient encore à moitié mouillés mais je préférais encore attendre un peu avant de les sécher. Je décidais donc de retourner dans la cuisine pour me servir une tasse de café. Celle-ci était encore vide, ce qui ne m’étonnait guère. Maé n’avait pas encore immergé de ses rêves, du moins, c’est ce que je croyais. Je venais à peine de boire une gorgée de mon café que le voilà arriver en baillant. Je me figeais alors. Non, ce n’était pas normal… Il n’était que 7h15 ! Il ne se réveillait jamais avant 7h30 !!! Je tournais mon visage vers lui. Ses yeux se posèrent sur les miens avant de glisser un peu plus bas. Normal j’ai envie de dire, j’étais toujours en serviette et des gouttes glissaient de mes cheveux pour aller caresser ma peau. Je toussais doucement, ayant avalé un peu de travers. Tout de suite, je partais au quart de tour « Je peux savoir ce que tu regardes ?! » Et voilà comment bien débuter une journée de cours…

« Toi. A moins que ce soit la jolie jeune fille dans ce miroir... Oh, j’suis bête, c’est ton reflet ! » Je sentis le rouge me monter aux joues. Rapidement, je cachais mon visage en buvant une gorgée de mon café. Je n’aimais pas ça, oh non, vraiment pas. Ce n’était pas moi ça, rougir pour un rien ! Ce genre de phrase, j’en avais entendu des centaines de fois, provenant de la bouche de différents garçons. Mais bien sûr, dès que Maé me complimentais – car c’était quand même un compliment non ? – et bien, il fallait toujours que mon cœur s’emballe. J’étais contente, bien entendu, mais je n’aimais pas mon comportement, tout simplement. Je relevais mon visage vers lui et fermis les yeux quand il m’embrassa sur le front. C’était sa manière à lui de me saluer et j’avoue que j’appréciais énormément cette petite attention toute particulière.

Le silence régnait dans la cuisine tandis que je le détaillais du coin de l’œil, buvant mon café à petites gorgées. Il ne portait qu’un t-shirt et un caleçon long mais le voir avec ses cheveux ébouriffés ne pouvait le rendre qu’encore plus sexy qu’il ne l’était déjà. Et il était assis sur le comptoir, juste devant moi, à prendre son petit déjeuné. Et moi, je restais contre le plan de travail, sans rien dire, comme une imbécile. Je commençais d’ailleurs à avoir froid et c’est à ce moment-là que je me rendis enfin compte que j’étais toujours en serviette. J’étais embarrassée mais plutôt mourir que de le lui montre. Fièrement et la tête haute, je me dirigeais vers ma chambre « Je vais me changer. Ce serait une bonne idée que tu fasses pareil, je n’ai pas envie que tu nous mettes en retard, à devoir t’attendre ! » Non, je ne mangeais presque jamais le matin, une pomme en chemin me suffisait amplement. En réalité, je ne voulais pas vraiment qu’il me voie me goinfrer. D’un côté, je n’ai jamais eu un grand appétit alors.

De retour dans ma chambre, je fermais la porte avant de me glisser au sol tout contre. Mon cœur battait toujours à la chamade. Je voyais encore son regard quand il était arrivé dans la cuisine et un sourire vint illuminer mon visage. Finalement, je devrais peut-être me promener un peu plus souvent ainsi ? Non, il ne fallait pas. Je ne voulais pas qu’il soit attiré seulement par mon corps, mais par moi tout entier. Néanmoins, savoir qu’il avait apprécié la vue ne pouvait que me mettre de bonne humeur. Rapidement, je me séchais mes cheveux à l’aide d’un sèche-cheveux avant de les boucler légèrement. Une fois coiffée, j’enlevais mon essuie pour enfiler une petite jupe droite de couleur noir et un débardeur à volant d’un vert mente. Par-dessus, j’avais enfilé un blazer bleu. Un petit coup de maquillage pour faire ressortir mes yeux, un rouge à lèvre dans les tons rosés, mes hauts talons noirs et me voilà prête. Je me regardais une dernière fois dans mon grand miroir avant de sourire, satisfaite de l’image que je projetais. Sac à la main, je sortais de ma chambre pour me diriger une nouvelle fois vers la cuisine. Un coup d’œil sur l’horloge et je remarquais que nous avions encore beaucoup de temps à perdre avant de nous mettre en route. Sans un mot, j’ouvris une des armoires, à la recherche d’un petit quelque chose à grignoter. Pour une fois que je ne prenais pas un fruit… J’avais une envie de biscuit, des crackers tout simple mais bien sûr, il fallait que Monsieur ait eu la bonne idée de les mettre à un endroit inatteignable pour moi. Non, je n’étais pas spécialement petite, j’avais même la taille moyenne, voir même grande avec mes hauts talons mais je ne pouvais pas trop forcer au risque de soulever ma jupe qui était déjà assez courte comme ça. Et bien entendu, Monsieur n’avait pas pensé à me proposer son aide… Je me tournais alors vers lui et je lui lançais un regard ennuyé « Ca te dirait de m’aider un peu au lieu de rester assis comme un pauvre imbécile ?! »

Pourquoi fallait-il toujours que je suis aussi sèche et méchante avec lui ? Je n’en sais rien… Enfin si, parce qu’il faisait battre mon cœur… Mais ne serait-il pas mieux de me montrer douce et agréable à vivre ? Non, au lieu de ça, j’étais tout le contraire… Tout ça pour qu’il ne remarque pas mes sentiments, tout ça pour qu’il ne remarque pas l’amour que je lui portais. « Astrid, tu n’es qu’une idiote… »