Quoi ? J'avais la bouche qui n'arrivait plus à se refermer, prise par l'absurdité de la chose, j'étais juste choquée, tellement étonnée. Tu m'as bien compris, Catherine. Je secouai doucement la tête de gauche à droite, ne voulant pas comprendre ce que j'avais entendu, je ne voulais pas que ses paroles cheminent jusqu'à mon cerveau et prennent une part de logique et me brise le coeur. Non ... Alex ... Non ... Il m'a regardé et j'ai vu cette lueur, cette envie de me prendre dans ses bras et me consoler, cette tristesse dans ses yeux de me faire de la peine ... Puis il baissa le regard et quand il le reposa sur moi, toute trace de ce sentiment avait disparu. Il ne restait que ce regard froid et décidé, ce regard que je ne voulais pas voir, que je voulais éviter à tout pris. Catherine ... Ca ne peut pas continuer ... Je ne peut pas continuer comme ça à me voiler la face et te trouver des excuses parce que je t'aime. J'ai senti quelque chose couler le long de ma joue et portait ma main à mon visage. Une larme. Ma première depuis des années. Je reposai mon regard sur lui et penchait ma tête sur le côté, j'étais perdue. Mais ... Il secoua sa tête de gauche à droite, me faisant comprendre que je ne devais pas continuer ma phrase et ma voix se coupa là. Rien de ce que tu me diras ne me fera changer d'avis, Cat. C'est fini. Je ne peux plus supporter ta façon d'agir, j'en ai marre de tes préjugés et de tes sautes d'humeur. De ta façon de traiter les gens qui t'entourent. Tout ne tourne pas autour de toi. Il fit une pause. Tu n'as pas changé au final. Tu restes la même. Je ne peux pas rivaliser avec tous tes prétendants, je n'ai pas les moyens ... Et je n'ai pas la patience nécéssaire. Il reprit une goulée d'air avant de continuer, le regard se promenant partout mais ne se posant jamais sur moi. Tu te rappelles Melodie ? Mon regard se ficha sur le sol. Culpabilité quand tu nous tiens. Elle a tout perdu, tout et, au lieu de la soutenir, tu l'as abandonné. Elle tenait à toi malgré ton sale caractère et ton esprit obtus et dès que son argent est parti, elle est redevenue insignifiante à tes yeux. Pourtant, elle t'as déjà aidé et sorti d'embarras et tu l'as juste ... Il s'agita, secoua la tête et ses mains, essayant de se reprendre. Je ne pense pas que je pourrais rester avec quelqu'un qui abandonne sa meilleure amie dans une situation pareille juste pour son image. Et sur ce, il tourna les talons et je restai plantée là, les larmes tombant abondamment sur le sol et la dure réalité me frappant. J'étais vraiment une ordure. Et au final, j'étais seule. A nouveau.

J'étais au fond de la pièce, verre de champagne dans une main, l'autre tenant mon sac à main et j'observais tous ces hypocrites papoter, rire et jouer les faux-culs. Quelle bande de malhonnêtes. On savait tous qu'on était ici que dans un but : faire des connaissances, qu'on apprécie ou pas du tout, pour augmenter la popularité, les ressources et les revenus de sa boîte. On était dans une pièce où chacun avait son rôle à jouer et ils mettaient tous un point d'honneur à le faire. Du coin de l'oeil, je repérai, sans vraiment m'en rendre compte, Gabriel qui s'avancait vers moi. Il s'est arrêté près de moi et a avancé son visage mais, consciente de l'idée qu'il avait derrière la tête, je détournai le visage et ses lèvres touchèrent ma joue. Je l'ai vu sourire narquoisement et se redresser. Je devais lever les yeux pour pouvoir fixer son regard et je détestais ça. J'ai toujours été petite, ne croyez pas le contraire, mais regarder quelqu'un dans les yeux ne m'avais jamais parut aussi difficile qu'avec lui. Alors, soit il était particulièrement grand, soit j'avais un vrai problème qui se tramait dans mon cerveau. Catherine. Souffla-t-il pour me saluer. Je souris et narquoise, enchaîna : Oui, c'est mon nom. Ma petite moquerie débile ne le dérida pas d'un poil, au contraire. Tu pourrais faire un effort, Lenoir, je n'apprécierai pas que ta mauvaise humeur empiète sur l'épanouissement mon entreprise. Un sourire prend place sur mes lèvres, amer. Ton entreprise ? Redescends sur terre, Gabriel. Elle ne sera tienne qu'à ma mort et je ne risque pas de faire trépas avant longtemps, crois-moi. Un petit rire faux de son côté. C'est ce qu'on verra, Catherine. En attendant, n'oublie pas de jouer les amoureuses transies. Il fit deux pas puis se retournait vers moi. On se voit ce soir, ma chérie. J'hochais la tête narquoisement, sourire faux aux lèvres également.

Nos sourires étaient faux, notre amour aussi, juste une jolie petite mascarade qui prenait d'ampleur plus le temps passait. L'entreprise Lenoir courait à sa perte et nous n'avons eu d'autre choix que d'accepter un compromis des Chevalier. Je n'ai eu d'autre choix. Mon père dépérissait à petit feu avec les ennuis et les problèmes qui s'accumulaient. Ma mère l'avait quitté dès que les soucis ont commencé pour le premier venu avec le salaire suffisant pour l'entretenir et mon père, dévasté, avait laissé les problèmes se multiplier, baissant les bras. Je n'avais pas encore l'âge, la maturité et le savoir nécessaire pour l'aider, reprendre les reines ou quoique ce soit. Alors, quand cette proposition qui semblait si obscène et écoeurante est tombée sur la table, j'ai fini par l'attraper mains jointes. Un amour fictif, un arrangement, un mariage à venir. En bref, une association sur le long terme prometteuse dont les deux familles devraient retirer un joli bénéfice. Les Lenoir gardaient leur entreprise et les Chevalier redoraient leur blason. Ca semblait simple pourtant. Sauf que voilà, il y a toujours des complications, c'est ainsi dans tout arrangements. Je ne supportais pas le fils Chevalier et il me rendait bien la pareille. Jouer la comédie me semblait soudain plus compliquée que je ne l'avais envisagée. Mais je m'étais dit que pour une fois, je pourrais essayer de changer, d'arrêter de penser à moi et de penser à quelqu'un d'autre. Depuis ce jour ... Où j'ai reçu mes quatre vérités en pleine figure, j'ai longuement réfléchit. J'ai essayé de changer ... Mais rien ne fonctionnait. Et quand je me suis dit que je tenais le bon bout avec cette histoire, je vois que je créée plus de problèmes qu'il y en avait. Je sais que mon père m'en voudrait s'il savait ce que j'ai fait. Mais j'imagine que c'est ça qu'on ressent quand on fait un acte désintéressé : le contentement de voir l'autre aller mieux malgré que toi tu coules ? Tout ce que je sais c'est que je n'ai jamais été patiente et que ces accrochages commencent à m'énerver, cette mascarade à me dégouté et, mon coeur qui tambourine dans ma poitrine en sa présence, à me rendre malade.